Oneka : faire des océans la source d’eau potable la plus durable, abordable et accessible

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Si l’on cherchait à définir l’entrepreneuriat simplement, on pourrait dire que fondamentalement, il s’agit de résoudre des problèmes. Les entrepreneurs que nous côtoyons se lèvent tous les jours pour proposer des solutions innovantes qui répondent à des enjeux concrets. Certains cherchent à faciliter la vie de leurs clients. D’autres, tentent de résoudre des problématiques à l’échelle mondiale. L’entrepreneur que je vous présente aujourd’hui et son équipe ont entrepris une mission très ambitieuse et extrêmement inspirante : faire des océans la source d’eau potable la plus durable, abordable et accessible qui soit.

 

Si vous êtes comme moi, vous ne vous êtes jamais demandé comment vous alliez vous procurer votre prochain verre d’eau. Vous avez soif, vous ouvrez le robinet et ça y est!  Quelle chance nous avons, alors que près de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable (1) ! Pour contrer ce problème d’envergure, Oneka Technologies développe une solution qui permet de puiser durablement l’eau disponible dans les océans, qui contiennent 97 % de l’eau mondiale, pour en faire de l’eau potable. Cette idée n’est pas nouvelle en soi. Cela dit, Oneka conçoit des bouées filtrantes autonomes qui utilisent la force des vagues pour transformer l’eau salée en eau potable. Elles n’ont pas besoin d’électricité pour fonctionner et ne polluent pas.

 

 « Le manque d’eau est l’un des enjeux les plus importants du 21e siècle. Malheureusement, et de façon ironique, les solutions actuelles pour faire face à cette situation contribuent à accélérer les changements climatiques puisque pour faire du dessalement, ça requiert énormément d’énergie qui vient, pour pratiquement la totalité des cas, d’usines de dessalement conventionnelles qui génèrent énormément de pollution pour faire de l’eau potable. » – Dragan Tutic, PDG

 

Identifier et comprendre les enjeux du marché

L’équipe d’Oneka développe sa technologie depuis 2015. La bouée de dessalement propulsée par l’énergie des vagues a vu le jour dans le cadre d’un projet universitaire entrepris par un groupe d’étudiants en génie mécanique. Le premier prototype ne fonctionnait pas très bien, mais le projet avait beaucoup de potentiel. Certains des membres du groupe ont donc décidé de se lancer en affaires et de continuer à développer la technologie à la fin de leurs études. À ce moment, l’équipe avait encore beaucoup de recherches à faire et d’hypothèses à valider pour bien identifier et comprendre son marché. Dragan Tutic, PDG et cofondateur, a donc fait un séjour dans des régions côtières pour en apprendre davantage sur les enjeux liés au manque d’eau potable et les solutions actuellement disponibles. Son exploration a débuté en Asie du Sud-Est, à Singapour, où se tenait une importante convention sur le dessalement. Puis, il a visité plusieurs îles en Indonésie et aux Maldives. C’est d’ailleurs aux Maldives qu’il a obtenu une première lettre d’intérêt des services publics, car leur problème d’eau potable est criant. Cet aperçu de la situation aux premières loges du problème confirmait le besoin pour la technologie d’Oneka et l’a motivé à redoubler d’efforts pour fournir une solution durable à ces populations. Dragan et son équipe sont donc retournés à la planche à dessin pour développer une solution à la fois accessible, abordable et durable.

 

« L’océan contient la quasi-totalité de l’eau de la terre, puis, en même temps, au même endroit, on trouve l’énergie qui est sous forme de vagues. Donc, l’idée est de combiner l’énergie et la ressource au même endroit pour transformer cette eau de mer en eau potable qui est utilisable par les populations côtières. Ce qui est intéressant, c’est que la majorité de la population mondiale vit sur le bord de l’eau. En fait, près de 50 % de la population mondiale vit à moins de 100 km des côtes. » – Dragan Tutic, CEO

 

Le problème avec le dessalement conventionnel

À l’heure actuelle, la plupart des systèmes de dessalement utilisent la filtration à osmose inverse. Des génératrices alimentées au carburant pompent l’eau de mer dans le mécanisme où elle est ensuite filtrée sous haute pression à travers des membranes semi-perméables. L’un des plus grands enjeux du dessalement conventionnel est qu’il produit une saumure très concentrée qui est rejetée dans l’environnement, ce qui bouleverse les écosystèmes. Avec cette méthode, pour un litre d’eau potable produit, l’usine rejette en moyenne 1,5 litre de boue ultra saline.

 

Innover pour changer le monde

À la lumière de ces constats choquants, l’équipe d’Oneka a décidé d’innover pour développer une solution durable qui ne chamboule pas les écosystèmes environnants. Ainsi, l’entreprise conçoit des systèmes modulaires flottants et autonomes qui fonctionnent grâce à l’énergie des vagues. Fini les génératrices polluantes et les rejets de CO2 dans l’atmosphère!

 

« L’eau de la mer est aspirée quand la bouée descend dans le creux d’une vague. Quand la bouée monte dans la vague, l’eau salée est montée en pression. Elle est envoyée à travers les membranes d’osmose inverse. Puis, l’eau potable qui en résulte est acheminée à la berge avec un tuyau sous-marin. » – Dragan Tutic, PDG

 

Bien que cette technologie utilise aussi la filtration à osmose inverse, les rejets de saumure ne détruisent pas les écosystèmes environnants, car ceux-ci ne sont pas rejetés à un seul endroit sur le bord de la plage où il y a très peu de mouvement de l’eau. Les bouées flottantes sont généralement installées de 500 m à 1,5 km de la côte. Ainsi, la saumure est rejetée sur une grande surface, soit à côté de chaque bouée, où il y a beaucoup de mouvements hydrodynamiques. Les vagues et les courants marins mélangent le tout à l’eau de la mer. Par ailleurs, la saumure produite par le système de dessalement est très faible en salinité. Sur la quantité d’eau aspirée par la bouée, environ 25 % est filtré pour produire de l’eau potable. Le sel qui se trouvait dans ce 25 % se retrouve dans le 75 % restant avant d’être rejeté sous forme de saumure dans la mer, ce qui représente près de 33 % de plus de concentration en sel. En outre, les bouées sont produites en partie avec du plastique recyclé. Une fois installées, elles servent aussi de récifs artificiels pour la faune marine.