Entrevue entre Meghan Beaudette, coordonnatrice marketing et communications chez Espace-inc et Julien Galtier(JG), entrepreneur et coach chez Espace-inc.

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Bonjour Julien, tu viens de rejoindre la communauté Espace-inc en tant que coach, peux-tu nous parler de toi?

 

JG – Avec plaisir, Meghan!

Je suis entrepreneur en marketing et numérique depuis 20 ans. J’ai d’abord créé une agence Web spécialisée en commerce électronique puis deux startups à vocation marketing, une dans le drive-to-store et l’autre dans le marketing de contenu. En 2019, j’ai décidé de me consacrer à l’entrepreneuriat d’impact. Depuis ce moment-là, ma seule boussole est : comment puis-je avoir le maximum d’impact positif pour la société et la planète? Aujourd’hui, je suis engagé dans plusieurs projets : l’accompagnement en transformation durable des entreprises afin de les rendre plus résilientes, la promotion des pratiques de marketing responsable auprès de l’industrie des communications avec l’OBNL Masse Critique et le coaching/mentorat pour des entrepreneur.e.s d’impact, notamment via Espace-inc!

 

Peux-tu nous en dire plus sur ton pivot en entrepreneuriat d’impact?

 

JG – En tant que marketeur « classique », mon métier était d’aider mes clients à vendre plus, toujours plus. Après avoir pris conscience des conséquences sociales et environnementales néfastes de mes pratiques d’affaires, j’ai ressenti une dissonance cognitive croissante et je n’ai pas pu continuer mes activités « comme si je ne savais pas ». J’ai donc décidé de réorienter mes activités professionnelles. Je ne suis d’ailleurs pas le seul, j’observe autour de moi de plus en plus de changements de carrière pour les mêmes raisons.

 

Comment peut-on aider des entrepreneurs à intégrer l’impact dans leur projet?

 

JG – Dans un premier temps, il faut que les entrepreneur.e.s comprennent bien le pourquoi de l’impact, car ce n’est pas qu’une question d’éthique. Dans les dernières années, j’ai pris conscience que le modèle « People – Planet – Profit » est celui qui permet de gérer au mieux les risques et les opportunités du monde actuel. C’est pourquoi j’ai acquis la conviction que la transformation durable et responsable des entreprises est nécessaire pour les rendre plus résilientes et leur permettre de créer le plus de valeur à long terme. À mon avis, les précurseurs en tireront des avantages compétitifs substantiels, comme cela a été le cas avec la transformation numérique.

Pour aider les entrepreneur.e.s, il faut donc commencer par un travail d’éducation et de sensibilisation sur les bénéfices à intégrer l’impact dans leur raison d’être et leur modèle d’affaires. Pour cela, il faut les former sur les défis du monde actuel et la façon de mitiger les risques associés tout en saisissant les opportunités.

Peux-tu nous en dire plus sur ces défis et leurs répercussions sur les entreprises?

 

JG – Les entreprises évoluent aujourd’hui dans un contexte de “polycrise” tel que l’analyse le World Economic Forum (source) :  tensions géopolitiques, accroissement des inégalités et dissensions sociales, dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, pandémies, etc. Malheureusement, toutes ces crises ne vont faire qu’empirer dans les prochaines années. En tant que dirigeant.e d’entreprise, il faut donc acter la disparition du monde stable et prévisible que nous avons connu pendant des décennies et se préparer à affronter des conséquences économiques très concrètes : nouvelles attentes de la main d’oeuvre et des consommateur.rice.s, augmentation des coûts d’opération, ruptures des chaînes d’approvisionnement, limitation de l’accès aux ressources, accroissement de la pression législative, destruction des infrastructures, etc.

Par exemple, rappelons que de nombreuses usines ont dû fermer en Europe en 2022 à cause du prix de l’électricité qui a été multiplié par dix (source) ! Ou encore que depuis cet été, la Chine a annoncé des restrictions sur ses exportations de gallium, de germanium (source) et de graphite (source), trois métaux indispensables à la fabrication de produits technologiques tels que les panneaux photovoltaïques, les fibres optiques ou encore les batteries.

 

Dans ce contexte, quels seraient les avantages de faire une transformation durable?

 

JG – Les raisons d’anticiper ces défis en amorçant une transformation durable et responsable sont assez évidentes :

• Attirer et retenir les talents qui exigent plus de sens de leur travail, comme l’explique très bien dans ce billet Julian Giacomelli, fondateur d’Au cœur de l’impact leadership et coach chez Espace-inc 
• Gagner des parts de marché – que l’on soit en B2B ou en B2C
• Générer plus de valeur économique, sociale et environnementale – par exemple grâce aux nouveaux modèles d’affaires telle que l’économie de la fonctionnalité : le modèle d’abonnement à la Spotify de Décathlon en Europe est potentiellement dix fois plus rentable que le modèle linéaire classique (source)
• Sécuriser ses approvisionnements – par exemple avec l’économie circulaire
• Garantir son financement – en répondant aux exigences ESG des investisseurs
• Tirer partie de la réglementation à venir plutôt que de la subir – qui a anticipé la Loi 25 en s’intéressant à la Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui est en vigueur en Europe depuis 2018 ?

 

Selon toi, quelles sont les premières étapes que devraient suivre une entreprise pour entamer cette démarche de transformation durable ?

 

JG – Il faut commencer par s’informer et se former sur tous ces défis pour bien comprendre les enjeux, les risques mais aussi les opportunités qui s’offrent aux entreprises. Pour cela, il existe de nombreuses ressources généralistes ou spécialisées. Par exemple : 

• Les ateliers type “Fresque du climat” sont de formidables outils pour sensibiliser et mobiliser vos équipes sur les enjeux climatiques grâce à une pédagogie ludique basée sur l’intelligence collective (pour en savoir plus).
• S’agissant de la transition des PME québécoises vers une économie sobre en carbone, je conseille de consulter les publications de l’OBNL Québec Net Positif. 
• Comme son nom l’indique, Québec Circulaire est le portail de référence pour celles et ceux qui s’intéressent à l’économie circulaire.
• Enfin, pour les professionnel.le.s en communication-marketing, l’OBNL Masse Critique que j’ai cofondée offre de nombreuses ressources pour comprendre et adopter les pratiques de marketing responsable, dont un grand nombre sont gratuites et accessibles à tous.tes : podcast, webinaires, guide, etc.

Outre la formation, un des facteurs clés de succès est la mobilisation de toutes les parties prenantes internes et externes. Chaque entreprise doit définir son propre chemin de transformation, selon ses spécificités et son écosystème d’affaires. C’est pourquoi, avec mon associé, nous avons développé une approche basée sur les meilleures pratiques en intelligence collective, design thinking et agilité à l’échelle. 

Enfin, c’est fondamental pour les entrepreneur.e.s de bien s’entourer et c’est pourquoi je considère que l’accompagnement Espace-inc « pour et par les entrepreneur.e.s » est si pertinent. Même si je suis relativement nouveau dans la communauté, je sais qu’elle compte des coachs et des entrepreneur.e.s d’impact exceptionnel.le.s en qui l’on peut avoir confiance sur ces sujets.